Je suis tr\u00e8s heureuse que l\u2019on soit r\u00e9uni ici. Effectivement, \u00e7a nous ram\u00e8ne \u00e0 des temps de passage, des temps o\u00f9 il y a un sentiment d'urgence, alors est-ce que il faut que le temps soit le temps des vivants, le temps ou on comptait pour avoir ce sentiment d'urgence, mais c'\u00e9tait pendant le covid, on \u00e9tait r\u00e9uni, avec cette urgence aussi de garder la m\u00e9moire de collectifs puisque, donc je suis m\u00e9decin \u00e0 la Piti\u00e9-Salp\u00eatri\u00e8re et avec Mathieu Simonet et d'autre ici, on travaille depuis longtemps sur cette question de l'\u00e9criture comme un soin, comme aussi une trace, comme une m\u00e9moire et notamment de collectif mis \u00e0 mal. Alors le covid a emp\u00each\u00e9 certains et j'aime beaucoup ton approche anthropologique de l'au-del\u00e0 qui permet aussi de continuer ce dialogue avec ceux qui ne sont plus mais c'est vrai que le deuil concerne les vivants et il y avait notamment ces gestes d\u2019\u00e9treinte, cette manifestation de la pr\u00e9sence, qui pouvait se faire par la voix et on a cherch\u00e9 aussi d'autres formes de pr\u00e9sence, c'est pour \u00e7a que aussi la dimension musicale, Shani, est aussi important pour accompagner cette trace, ce temps.\u00a0<\/p>
On s'est retrouv\u00e9 en proposant aux internes, les internes sont des collectifs par d\u00e9finition \u00e9ph\u00e9m\u00e8res. Ils partagent quelque chose de tr\u00e8s fort, la m\u00e9moire des patients qui sont accompagn\u00e9s et puis ils se dissipent et au moment de la crise covid, ils \u00e9taient parfois les seuls t\u00e9moins de la fin de vie de patient, les proches ne pouvaient pas \u00eatre pr\u00e9sents. On a eu un peu ce sentiment d'urgence, en disant comment garder peut-\u00eatre par l'\u00e9criture, l'\u00e9criture du temps, ce qu'ils avaient v\u00e9cu et comment on le transmet aussi et le P\u00e8re LOUZEAU, Olivier FREDJ et vous Philippe CHARLIER, il y avait aussi mon ami Delphine HORVILLEUR, qui \u00e9crivait \u00e0 ce moment-l\u00e0 \u201cVivre avec nos morts\u201d. Et l\u00e0 on poursuit avec Mathieu et vous Philippe, sur comment on soigne avec nos fant\u00f4mes puisque finalement cette question du temps elle est omnipr\u00e9sente dans le soin, dans l'accompagnement et sur l'empreinte que laissent les passions dans les m\u00e9moires des soignants, dans les collectifs des soignants. Et moi, je suis vieille m\u00e9decin hospitali\u00e8re et mon patient en ce moment le plus chronique, c'est l'h\u00f4pital lui-m\u00eame dans cette perte du sens souvent, de ces collectif qui se d\u00e9font, c'est vrai que, pouvoir justement mettre en musique le temps, le temps des soignants, le temps des patients, c'est quelque chose qui peut aussi nous relier et refaire sens. Voil\u00e0 pendant longtemps on travaillait sur la fa\u00e7on dont diff\u00e9rents temps se percutaient parce qu'il y a le temps de la maladie, celui o\u00f9 on voit la tumeur doubler sur l'imagerie, mais qui ne co\u00efncide pas n\u00e9cessairement avec le temps subjectif, le temps que vit le patient et qui ne co\u00efncident pas non plus avec le temps institutionnel qui a une autre fa\u00e7on de morceler le temps, o\u00f9 il faut que les dur\u00e9es de s\u00e9jour soient de plus en plus courte, ou c'est un temps aussi \u00e9conomique et donc tout ce travail pour moi c'est aussi comment essayer de relier diff\u00e9rents temps.
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(Propos retranscrits par Antoine Ripaud)<\/em><\/p>"},"id":"df4e46ea-bbd7-4003-bf17-ee94203edcee","isHidden":false,"type":"textBlock"}],"id":"5221ab1d-ba81-4554-b21d-fc55f224896b","width":"1\/1"}],"id":"10bcaf47-c7db-4aac-a8b3-9b1420bf8982"}] ---- Metatitle: ---- Seoimage: ---- Description: